Le BIM est-il devenu incontournable ?

BIM

La méthodologie BIM est incontournable car elle optimise le processus de construction.  Dans un monde où 230 milliards de mètres carrés de nouvelles constructions devraient voir le jour d’ici 2060 (1), elle est fondamentale. Gérer davantage de production, de délais et de besoins utilisateurs, dans un monde préoccupé par la gestion des ressources et déchets, et par la qualité de vie, est un challenge. Le BIM est de plus en plus adopté, à l’initiative du secteur privé, et soutenu par les normes et législations qui vont dans ce sens. Il représente un marché évalué à 4,5 milliards d’euros en 2019 et devrait atteindre 13,7 milliards d’euros d’ici 2027 (2).

Optimiser et rationaliser le processus de construction devrait permettre de limiter l’impact financier sur les projets, de mieux gérer les ressources et de répondre de manière plus fine, aux besoins des utilisateurs.

Le BIM incontournable pour qui et par qui ?

Le secteur privé a pris les devants en matière de BIM, même si les Etats s’impliquent également. Sur le terrain, les maitres d’ouvrage sont les principaux moteurs du BIM actuellement. En effet, ils ont, pour beaucoup, pris conscience de l’intérêt du BIM pour l’exploitation, ainsi que les architectes et les ingénieurs. Ils entrainent donc le reste du secteur de la construction vers une sensibilisation au BIM (connaissances, formations, emplois). Néanmoins, le BIM est encore trop cantonné à la phase de conception.

D’un point de vue plus large, les Etats et les autorités normatives jouent un rôle dans l’induction du BIM dans le secteur de la construction. A l’heure actuelle, ils ont davantage une attitude incitative que législative. Certes, plusieurs pays ont légiféré posant un cadre clair où le BIM est obligatoire pour un certain nombre de marchés ou/et pour une certaine typologie de bâtiments (en référence à la taille ou au coût). C’est le cas de la Suisse, par exemple. Un plan légal est en place depuis 2021, qui oblige à implémenter en BIM tous les marchés publics de la confédération d’une valeur supérieure à deux millions de francs suisses. En 2023, un cadre devrait voir le jour pour les infrastructures de la confédération.

D’autres pays veulent légiférer mais se rendent compte que le tissu du secteur n’est pas assez mature pour imposer l’application du BIM. En France par exemple, il existe un plan BIM depuis 2016. Celui de 2022 sera-t-il de nouveau repoussé ?

Autre difficulté, même lorsqu’il y a un cadre méthodologique et légal, il n’existe pas encore de cadre juridique contractuel, ce qui génère régulièrement des problèmes de responsabilité et de coûts. 

Le BIM incontournable sur tous les types de projets ?

Le BIM est utile sur tous les types de projets, quelle que soit leur taille et leur volumétrie. Certes, plus le bâtiment est grand et complexe, plus l’application de la méthodologie BIM présente de l’intérêt. 

Pourtant, même pour un bâtiment d’habitation qui va très peu évoluer dans le temps, cela a du sens. En effet, le BIM va faciliter le travail de l’architecte ou/et de l’ingénieur et l’interaction avec le propriétaire. Par exemple, grâce au modèle BIM, il devient plus facile de projeter une modification et de voir les incidences sur l’ensemble ou de résoudre des problèmes. Par exemple, si l’on veut supprimer une cloison sans altérer un circuit électrique. Autre exemple, pour identifier le réseau d’écoulement des eaux usées, en cas de problème de refoulement. Le BIM est donc appelé à devenir incontournable pour les projets des particuliers également. 

Le BIM source de gains financiers ?

Les gains du BIM ne ne sont pas facilement chiffrables à l’heure actuelle. Souvent même, les honoraires induits par l’ajout du BIM augmentent le coût du projet dans un premier temps. Or l’objectif principal du BIM n’est pas de « faire de l’argent » mais d’éviter d’en perdre. La nuance est fine mais majeure. Le BIM permet surtout de ne pas augmenter la ligne « coût final du projet » . 

En effet, une majorité des projets de construction apportent de nombreuses surprises, une fois passés en phase d’exécution du projet. Des besoins qui émergent trop tard (soit parce qu’ils n’ont jamais été émis avant, soit parce qu’ils ont été mal définis) vont entrainer des complications. Par exemple, il devient nécessaire de détruire pour reconstruire ou bien de commander de nouveaux matériaux ou contracter de nouvelles équipes. Donc cela génère de nouveaux délais et des coûts supplémentaires souvent considérables.

En méthodologie traditionnelle, la courbe de Mc Leamy (théoricien du BIM), vieille de 25 ans déjà, a mis en évidence que plus un projet avance plus les problématiques découvertes ont un impact fort sur le coût du projet. Le BIM optimise donc le coût du projet en anticipant et structurant l’échange d’informations entre tous les acteurs. Il limite les modifications et les surprises du projet au moment ou cela coûte le plus cher c’est-à-dire en cours de construction. 

Le BIM incontournable pour optimiser la construction ?

Au démarrage du projet, le BIM permet d’améliorer la collaboration entre tous les acteurs. A l’heure actuelle, le secteur de la construction fonctionne énormément en mode silos. Chacun travaille dans son coin. Les informations et les visions sont silotées. Il y a un problème de transversalité de la vision et des informations. Par exemple l’architecte fait une modification et n’avertit pas ou tardivement l’ingénieur qui continue à travailler sur un projet qui n’est plus le bon.  Lorsque la mise à jour se fait dans le projet, c’est un peu tard et cela engendre des coûts.

En voici un autre exemple : on fait construire une annexe comme extension d’un bâtiment hospitalier existant. En cours d’utilisation, on s’aperçoit que la passerelle qui relie les deux bâtiments n’est pas correctement dimensionnée et ne permet pas de faire passer les patients. Une solution bancale est trouvée en passant par le sous-sol, mais le problème aurait du être envisagé dès la conception. Par exemple on aurait pu proposer une simulation utilisateurs via la réalité virtuelle, pour se rendre compte de cette aberration. 

Autre raison qui rend le BIM incontournable c’est l’optimisation du temps, dans le projet. Les dates de livraison sont très souvent dépassées dans le secteur de la construction. Mais avec le BIM, plus tous les acteurs ont une vision commune pour un même projet avec un objectif commun, plus le travail se fait vite, bien et efficacement.

Sur la durée du projet, l’optimisation des échanges et du temps entraine une meilleure qualité et fonctionnalité et donc une plus grande durabilité, du bâtiment. Pour un esprit visionnaire, c’est un gain financier.

Le BIM et le sens de l’histoire

Le BIM est incontournable car il va dans le sens de l’histoire. C’est une évolution de la conception de la construction. Le BIM s’insère naturellement dans un monde qui s’interroge sur le gaspillage et la responsabilisation des déchets produits. Le BIM par son souci d’optimiser le temps et les ressources humaines et matérielles permet une gestion plus efficiente et plus durable de la construction. Cet enjeu est au coeur du plan de sobriété émis par le gouvernement français en octobre 2022 (cf gestion intelligente des bâtiments tertiaires, transition socle numérique).

Aujourd’hui construire un bâtiment ou une infrastructure est souvent plus complexe que cela ne l’a été et nécessite une plus grande diversité de personnes, de matériaux et de matériels. Il est donc logique d’appliquer une méthodologie qui vise à une meilleure coordination et moins de gaspillage.

Le BIM prend davantage en compte les besoins des utilisateurs. Ils ne sont plus le dernier maillon de la chaîne, qui « subit » le bâtiment. Ils sont plus exigeants vis-à-vis de la qualité et du calendrier de rendu d’un bâtiment.

A l’époque par exemple, on construisait des cathédrales qui étaient des bâtiments très complexes pour l’époque. Mais on avait le temps. Les ouvriers et les travailleurs recevaient peu de considération donc on les faisait travailler dur sur des tâches difficiles. Souvent ces derniers trouvaient seuls comment optimiser leur travail. Le commanditaire ne voyait pas forcément le bâtiment fini. A l’heure actuelle le client veut avoir son bâtiment demain. Il faut donc construire des bâtiments complexes, avec des fonctionnalités nouvelles, et ce dans un temps record. 

Par conséquent, rationaliser le processus de construction est incontournable. Notre société actuelle veut prendre davantage soin de la qualité de vie de l’utilisateur et pour ce faire, il faut les intégrer tôt dans le projet.

Le BIM est une réponse qui tente de garder de la qualité voire de l’accroitre tout en atteignant l’objectif de construire plus complexe et plus vite. 

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  1. Département des Affaires Economiques et Sociales des Nations Unies.
  2. Allied Marketing Research