BIM pour l’exploitation : par où commencer ?

BIM, exploitation

La méthode BIM se base sur la conception d’une maquette numérique en 3D représentant chaque élément d’un projet à construire et dans lesquels sont implémentées des données exploitables tout au long de son cycle de vie

Celle-ci met en avant la collaboration du travail des multiples intervenants dans la construction finale. Loin de se limiter à la simple utilisation d’un logiciel, il s’agit bel et bien d’une technique globale de gestion numérique de la donnée, qui impacte tous les mandataires intervenants sur le projet à chaque étape : conception, construction puis exploitation/maintenance. En phase d’exploitation, la méthodologie BIM sera une précieuse alliée de l’exploitant ou du maître d’ouvrage pour planifier et assurer les opérations de maintenance nécessaires au bon fonctionnement du bâtiment.

L’exploitation : l’objectif premier du BIM pour le maître de l’ouvrage ?

Depuis presque 15 ans, le BIM facilite la transmission des informations entre les différents corps de métiers qui interviennent sur une construction. Si la représentation numérique 3D du bâtiment et de ses équipements est un outil fantastique avant et pendant le chantier, son utilité est accrue en phase d’exploitation car elle permet de comprendre le bâtiment dans les détails. 

Comme l’indiquent les experts de Vinci Facilities, « la phase d’exploitation représente 80 % du coût total de la possession ». La création d’une maquette 3D parfaitement conforme à la réalité permet, en effet, d’analyser précisément le cycle de vie du bâtiment (ACV), ou encore d’anticiper les opérations de maintenance à venir. À terme, cet outil fournit donc de précieuses informations sur tous les frais de fonctionnement à prévoir au moment de la conception et permet de réfléchir aux meilleurs moyens d’éviter les surcoûts.

Le BIM inclut une base de données complète, regroupant notamment les références de chaque élément du chantier, si petit soit-il. En conséquence, il est impératif d’opérer une réflexion stratégique sur les éléments qui doivent apparaître dans la maquette afin d’en faciliter la compréhension. Dans cet esprit, le modèle final comporte d’ailleurs plusieurs maquettes métiers correspondant, entre autres, à la partie structure ou à la partie fluides, par exemple, intégrées à une « master maquette” généralement appelée maquette fédérée.

Ce modèle ne peut être conçu et utilisable que si les informations de départ sont absolument exactes et le plus détaillées possible selon les besoins définis. Il s’agit d’un processus nécessitant de recourir à plusieurs outils afin de concevoir une maquette virtuelle au plus proche de la réalité, ce qui permet d’optimiser et fiabiliser la planification de son exploitation future. 

Étapes de la mise en place de la méthode BIM pour l’exploitation

Le BIM implique donc de rassembler une grande quantité de données. Il doit présenter toutes les informations géométriques et alphanumériques nécessaires à la construction d’un bâtiment en phase projet, puis surtout à son exploitation lors de la remise du DOE. 

Cette méthode de travail implique donc de bien définir son besoin et d’apprivoiser l’outil, sous peine de se perdre dans les multiples détails et fonctions du BIM.

Se former en interne à la maîtrise du BIM

Comme cette méthode de travail amène chacun à utiliser des outils variés et poursuit différents objectifs, la première chose à faire reste de sensibiliser chaque intervenant à son existence et à son fonctionnement. Pour que les architectes et maîtres d’ouvrage présents sur le chantier puissent se comprendre et travailler ensemble, il demeure important que chacun connaisse le BIM. Se former en interne ne semble donc pas optionnel mais indispensable à la bonne réalisation du projet final.

Bien cerner ses besoins et les cas d’usage

L’objectif premier de la méthode BIM consiste à proposer la visualisation la plus précise possible des contraintes, donc des coûts, liés au cycle de vie du bâtiment, de sa construction à son exploitation. La conception de la maquette virtuelle doit donc absolument impliquer tous professionnels amenés à travailler sur le chantier : architectes, bureaux d’études, géomètres, etc, mais également les professionnels chargés de l’exploitation du bâtiment. 

Tous utilisent des outils différents dans le cadre de leur activité, comme des outils de CAO, GMAO, CAFM ou de GTB, par exemple, qui selon les besoins, pourront discuter par la suite avec la maquette BIM. Le facility manager peut également, dès cette phase de réflexion, indiquer les attentes et besoins dont il a connaissance. Cette étape de définition des besoins et cas d’usage s’avère cruciale car elle permet de mieux déterminer l’implication et le rôle de chacun et de structurer la démarche BIM finale.

Définir le mode de gestion des données et les outils nécessaires

Chaque intervenant utilisant ses propres outils, il convient de définir des formats et un mode de gestion des données final qui permette à tout le monde d’échanger et de se comprendre. Deux approches s’opposent : le Closed BIM (BIM fermé) et l’Open BIM (BIM ouvert). 

Dans le premier cas, l’environnement de travail “fermé” consiste à utiliser des solutions compatibles provenant d’un même éditeur logiciel (Autodesk) à chaque étape, donc chez toutes les parties prenantes (de la conception à l’exploitation). Travailler dans ce genre d’éco-système avec des formats de fichiers natifs présente un avantage majeur : des échanges en temps réel fluides et un risque moindre de perte de données.

L’Open BIM, avec ses formats IFC et COBie, permet aux différentes parties prenantes de collaborer avec des outils différents et des formats de fichiers non propriétaires. S’il apporte de la souplesse dans le travail collaboratif et permet à chacun de travailler sur ses outils, l’open BIM connaît parfois des problèmes d’interopérabilité. Il présente également des risques de perte de données liés aux différents échanges de fichiers et exports successifs.

La classification et la mise à jour des données du BIM revêtent également une grande importance. Il existe plusieurs méthodes de classification comme Omniclass et Uniclass, qui garantissent une vision claire des composantes de la maquette et un vocabulaire précis, compréhensible par tous les intervenants. En Suisse, la plus adaptée (mais encore trop peu répandue) est eCCC-Bât.

Résumer le projet dans un document écrit

Une fois que les intervenants ont rejoint le projet, défini ensemble les besoins et cas d’usage du bâtiment et réfléchi au traitement de toutes les données impliquées par le BIM, il convient de formaliser toutes ces informations pour assurer le suivi et la réussite du projet. Le document final doit, pour rester valide, répondre à diverses normes, notamment à l’échelle locale. Pour le rédiger, différents outils tels que ceux développés par buidingSMART incluent d’ailleurs déjà les normes ISO à respecter, comme la norme NF EN ISO 19650.