Le BIM est l’acronyme de Building Information Modeling ou Management. C’est un terme qu’on entend de plus en plus dans le secteur du bâtiment, mais de quoi s’agit-il exactement ? Qui est concerné par le BIM, méthodologie de gestion de l’information ? Dans la mesure où l’on a su construire des bâtiments et des infrastructures bien avant le BIM, qu’apporte ce processus nouveau ?
What the BIM ? Genèse d’une méthodologie
Le BIM est une méthodologie de gestion de l’information des bâtiments et des infrastructures, appliquée durant tout leur cycle de vie. Ainsi, le BIM accompagne un ouvrage de sa conception à sa destruction ou rénovation, en passant par sa construction et son exploitation.
Il est important de souligner que l’une des nouveautés vient de la façon de gérer ce cycle de vie, donc de la méthode. Et d’intégrer tous les intervenants, notamment les utilisateurs de l’ouvrage de construction dès la conception. Pour autant, le BIM s’est inspiré d’un processus industriel qui existait déjà : le PLM (Product Lifecycle Management). Ce dernier suit le cycle d’un objet dans sa conception production vente et maintenance. En 1962, Douglas Carl Englbart, dans un article intitulé « Accroitre l’Intellect Humain », évoque un modèle architectural reliant les objets à des bases de données. Le BIM apparaît dans les années 1970-1980 en parallèle du développement de l’informatique. Initialement l’AIA1 a impulsé le mouvement et travaillé au développement du BIM, très vite utilisé notamment par l’Armée américaine, la NASA et d’autres entités fédérales qui ont des besoins de projection à l’étranger rapides et efficaces.
Au cours des deux dernières décennies, la méthodologie BIM s’est précisée et affinée, soutenue par de nombreux programmes et logiciels spécialisés.
Le BIM : collaborer pour gérer l’information
La réalisation d’un bâtiment ou d’une infrastructure, lorsqu’on l’envisage, est un projet. La méthodologie du BIM permet de concentrer l’information du projet, et de la diffuser à tous les acteurs du projet, dans un temps le plus synchronisé possible. Ainsi tout le monde a le même degré d’information sur le projet, au même moment.
Par conséquent, c’est une méthode basée sur la collaboration. Tous les intervenants doivent y participer soit en tant que fournisseurs/producteurs de données soit en tant que consommateurs de données.
Le support de cette méthodologie collaborative est un modèle 3D dans lequel on va intégrer cette fameuse information en alphanumérique (texte, mot, nombre) et documentaire sous forme de base de données. Le niveau de granulométrie choisi va permettre de visualiser et d’obtenir des informations sur le bâtiment global ou bien sur l’un de ses composants comme une fenêtre, une dalle, un revêtement etc.
Pour comprendre l’intérêt de ce niveau de détail et la nécessité de collaboration étroite, prenons l’exemple d’une porte au sein d’un bâtiment. Elle est définie une première fois par l’architecte dans son plan mais sa typologie finale sera précisée en collaboration avec d’autres acteurs du bâtiment. Ainsi la personne en charge de mettre au point le plan sécurité incendie du bâtiment doit fournir la résistance au feu de cette porte. Cet élément est nécessaire à son plan de compartimentage. De même, la personne en charge de la sécurité et des contrôles d’accès doit connaitre la destination du local derrière la porte pour définir la typologie de contrôle d’accès et de serrure, qui sera appliquée à cette porte. Ensuite, l’architecte récupère ces informations et adapte le type de porte à installer à cet endroit là.
Un projet de construction est donc une interaction constante entre les différents acteurs qui vont travailler sur et utiliser le bâtiment. La méthodologie BIM structure cet échange en assurant la fluidité, la précision et la rapidité du partage d’informations et leur stockage sous forme d’une maquette numérique et d’un système de base de données.
Les cinq étapes clés de la méthodologie BIM
La première étape consiste à définir le besoin. Pourquoi met-on du BIM sur ce projet ? A quoi cela va-t-il servir sur tout le cycle de vie ? Il faut s’efforcer de penser à tout dès le départ, notamment à la phase d’exploitation du bâtiment, son utilisation et sa fin de vie.
La deuxième étape, une fois les objectifs définis, doit permettre de définir le cahier des charges techniques. A quel niveau de granulométrie va-t-on devoir renseigner le modèle pour atteindre l’objectif ? Sous quelle forme, sous quel format veut-on récupérer les livrables ? Le modèle BIM devra être renseigné de ces éléments, eux-mêmes définis à ce niveau de détails.
La troisième étape correspond au retour des mandataires qui vont travailler sur le projet. Après lecture du cahier des charges, ils donnent une réponse adaptée aux besoins définis. « Pour que nous puissions vous livrer ce contenu là, nous allons nous organiser de cette manière, utiliser cet outil, prévoir cette périodicité d’échange etc ». Cette réponse s’appelle le Plan d’Exécution BIM. C’est un document contractuel qui représente l’engagement et la réponse donnée par les mandataires, au cahier des charges technique du maitre de l’ouvrage.
La quatrième étape, qui n’est pas la moindre, est la remise du livrable appelé le Dossier des Ouvrages Exécutés. Le DOE est livré en parallèle de la remise des clés du bâtiment. Il faut que le DOE soit représentatif du bâtiment construit. C’est également un document contractuel qui comprend la maquette BIM mais aussi des documents, des fiches produits, les échanges de collaboration dans les phases précédentes soit l’historique du projet jusqu’à l’aboutissement du bâtiment fini.
La cinquième étape est l’intégration du modèle BIM dans l’exploitation des bâtiments du maitre de l’ouvrage. Si ce besoin a été défini préalablement dans les étapes 1 et 2, le DOE BIM doit comprendre une maquette exploitation. Cette dernière est insérée dans l’écosystème du maitre de l’ouvrage. Par exemple elle va s’interfacer avec un logiciel de GMAO, de gestion immobilière, de gestion technique etc.
La maquette du DOE (différente de la maquette d’exploitation) ne doit pas évoluer puisqu’elle est contractuelle. Elle représente le bâtiment à l’instant où il a été livré.
En résumé, les deux premières étapes relèvent de la responsabilité du maitre de l’ouvrage (celui qui paye pour construire et faire vivre le bâtiment derrière) assisté de ses conseillers. Le propriétaire et les exploitants du bâtiment doivent définir leurs besoins et aboutir à un cahier des charges techniques. La troisième étape concerne les mandataires qui donnent leur réponse.
La cinquième étape intègre la formation des utilisateurs, l’entretien du bâtiment donc la mise à jour (la dernière mise à jour faisant foi pour la destruction du bâtiment par exemple).
Qui est concerné par le BIM ?
Bien entendu tous les secteurs qui ont un parc immobilier sont concernés. A partir du moment où on construit ou/et exploite un bâtiment ou une infrastructure, on sera amené à utiliser du BIM, méthodologie de gestion de l’information.
En terme de métiers, tous ceux qui interviennent sur le projet sont concernés. D’une part ceux qui conçoivent le bâtiment : le maitre de l’ouvrage, les bureaux d’études, les architectes, les ingénieurs, les chefs de projet, les gestionnaires de l’information, les facility manager et les exploitants. D’autre part les mandataires qui le réalisent : les entreprises de construction, les conducteurs de travaux et tous les intervenants sur les chantiers. Tous ne sont pas producteurs de l’information mais tous sont consommateurs de données.
L’arrivée du BIM entraine la reconfiguration de tous les métiers existants du bâtiment. Puisque c’est une méthodologie, le BIM fait évoluer la façon de travailler de tous les intervenants du bâtiment, à travers de nouveaux process et outils.
Certains métiers ont connu une évolution importante sous l’effet du BIM. Par exemple une modeleuse BIM est l’évolution du métier de dessinatrice en bâtiment. Elle dessinait en 2D des lignes et des poly lignes sur du papier puis sur un ordinateur pour pouvoir réaliser des plans. Avec le BIM, elle modélise maintenant les bâtiments en 3D. Le BIM requiert d’elle une nouvelle compétence : l’intégration des informations dans ces éléments modélisés en 3D.
Certains se sont même formés à des logiciels comme Revit, bien avant que le BIM ne soit répandu.
Un des métiers majeurs du BIM, et qui fait débat, est celui de BIM manager. Dans les faits c’est l’équivalent d’un gestionnaire de l’information (terminologie utilisée dans la norme ISO) ou d’un directeur de projet. Il est le chef d’orchestre de toute la méthodologie. Il participe à la définition des règles et fait en sorte qu’elles soient appliquées par tout le monde jusqu’à la fin du projet. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet houleux ; ) dans un prochain article.
Utiliser le BIM méthodologie de gestion de l’information
Même si le BIM est encore en plein développement, il existe déjà depuis 2018, une norme internationale : la norme ISO 19650. Elle définit les concepts et principes à mettre en oeuvre pour modéliser les données et gérer les informations pendant le cycle de vie d’un bâtiment ou d’une infrastructure. La norme ISO propose ainsi un standard de la méthodologie BIM.
Alors si le BIM semble être une méthodologie bien définie, devrions-nous traduire l’acronyme BIM par Better Information Management ? Par conséquent qu’en est-il de son application ? Comment les Etats et les institutions se positionnent-ils/elles par rapport au BIM ? Quels sont les gains apportés par le BIM ? Est-il devenu incontournable ?
Vous pourrez lire prochainement notre deuxième article à ce sujet. N’hésitez pas à vous abonner à notre newsletter pour être informé/e de nos actualités et publications.
1 American Institute of Architects