La méthode BIM ne se limite pas à la création de jumeaux numériques des bâtiments avant leur sortie de terre : elle s’inscrit dans une dynamique globale de digitalisation de l’ensemble des informations liées à la gestion de ces derniers. Le Building Information Modeling s’intègre ainsi tout au long du développement de chaque projet de construction et impacte tous les acteurs concernés, depuis le maître d’œuvre jusqu’au propriétaire. Mise en place au niveau mondial depuis plus d’une vingtaine d’années, la transition BIM nécessite tout de même de respecter une certaine structure, de suivre des règles et des processus pour réussir.
L’importance de structurer son projet de transition BIM
Avant de commencer sa transition vers le BIM, il demeure primordial de recueillir les besoins de l’ensemble des acteurs concernés par le processus. Contrairement au mode de gestion traditionnel des bâtiments, souvent cantonné à la consultation de grands classeurs entreposés dans les bureaux de plusieurs professionnels rarement en contact les uns avec les autres, le Building Information Modeling repose sur la mise en commun des informations et des besoins de chaque partie prenante. En effet, l’objectif de cette méthodologie reste de tenir compte de tout le cycle de vie du bâtiment afin de prévoir au mieux ses évolutions en termes de construction, de maintenance, d’évolution et même de déconstruction.
C’est pourquoi la première étape du processus de transition vers le BIM consiste à structurer les données nécessaires au projet. Le maître d’ouvrage, le propriétaire et l’exploitant doivent donc organiser ensemble les informations qui devront être fournies par chaque professionnel investi pour mieux définir un planning des opérations sur la base de questions simples : pourquoi, comment, à quel moment mettre telle ou telle en place ?
Mettre en place les premiers tests
L’expression et le recueil des besoins servent à identifier les étapes du projet de transition vers le BIM. Il convient de structurer ces données afin de mettre en place de premiers tests. Prévoir un pilote reste très important pour s’assurer que le projet fonctionne correctement, que les outils sont les bons et que la digitalisation permettra réellement l’atteinte des objectifs. La deuxième étape du processus semble donc assez claire, il s’agit de tester la démarche BIM sur un premier échantillon. Cette opération à l’avantage d’impliquer un investissement financier moins conséquent et maîtrisé, indispensable pour valider la stratégie envisagée. Ces tests représentent le meilleur moyen de savoir si oui ou non, les données à intégrer dans la maquette se révèlent justes et suffisantes. En pratique, cette phase de test peut consister, par exemple, à appliquer la stratégie établie sur un ou deux bâtiments extraits d’un projet plus vaste de constructions ou d’isoler une zone représentative d’un grand bâtiment pour réduire le volume de travail tout en validant le processus. Cela permet de garantir l’identification des points forts et des lacunes de la démarche.
Impliquer l’ensemble des acteurs concernés pour avancer ensemble
Comme évoqué précédemment, le Building Information Modeling nécessite d’impliquer tous les acteurs concernés par un projet dès le départ et tout au long du cycle de vie du bâtiment. De ce fait, il paraît primordial de valider dès le départ que la maîtrise d’œuvre, qui englobe à la fois les architectes, les ingénieurs ou encore le constructeur, partage la vision de l’exploitant et du propriétaire et que tous travaillent dans le même sens. La transition vers le BIM impose de casser le mode de travail qui sépare les parties prenantes en diverses entités qui s’affrontent au lieu d’œuvrer main dans la main. Il semble particulièrement important, pour réussir cette démarche, que les concepteurs et constructeurs se mettent d’accord dès le lancement du projet, prennent des risques ensemble, en connaissance de cause, et partagent une vision commune. Cette mentalité se révèle d’ailleurs de plus en plus présente en Angleterre et en Amérique du nord , où les professionnels lancent des projets sous méthode IPD (Integrated Project Delivery) pour Réalisation de Projet Intégrée.
La transition vers le BIM représente, en réalité, la transition vers une digitalisation du cycle de vie des bâtiments. Cette démarche nécessite avant tout de recueillir les besoins de toutes les parties impliquées par un projet de construction et de structurer clairement les informations nécessaires à la mise en place de celui-ci. Cette étape doit être reconnue par l’ensemble des acteurs concernés, qui doivent s’assurer de partager la même vision des choses. De même, plutôt que de considérer, comme on l’observe encore souvent aujourd’hui, que les concepteurs et constructeurs restent deux blocs distincts, il devient primordial de tenir compte des besoins de chacun pour faire avancer le projet plus vite et lui permettre de réussir. En plus de cette structuration et de la bonne communication entre tous les professionnels, il convient de prévoir de premiers tests sur le terrain, afin de valider le fonctionnement de la démarche. La transition vers le BIM prend donc du temps et nécessite de casser certains codes, notamment dans la manière de travailler et d’agir, mais elle garantit, sur le long terme, une meilleure prise en compte de l’évolution des bâtiments sur l’ensemble de leur cycle de vie.