Format IFC en exploitation : pour qui et pour quoi ?

BIM, exploitation

L’acronyme IFC, pour Industry Foundation Classes, désigne un format de données ouvert et universel permettant d’échanger des informations et données dans le cadre d’un projet BIM. Comme cette méthode de travail fait intervenir énormément de corps de métiers différents, chacun possède des données dans un format bien précis et le format IFC sert à homogénéiser toutes ces informations pour que chacun puisse comprendre le fichier final. Comment fonctionne l’IFC en phase d’exploitation ?

Qu’est-ce que le format IFC ?

Un processus de travail BIM sert à obtenir une représentation numérique complète d’un bâtiment. À partir d’une base de données comportant jusqu’à la moindre fiche technique de chaque pièce du chantier, cette maquette BIM permet notamment de prévoir les opérations de maintenance à effectuer sur le bâtiment et donc, d’optimiser sa gestion sur le long terme

Pour garantir la visualisation la plus proche possible de la réalité, il convient toutefois de faire intervenir tous les corps de métier impliqués dans le chantier pour combiner, sur la même maquette, les données de chacun d’entre eux. Chaque professionnel œuvrant avec des outils différents, il devient donc primordial d’utiliser un format de données compréhensible par tout le monde et qui permette d’associer toutes les informations livrées. Il s’agit précisément de l’objectif de l’IFC. Ce format de données ouvert structure, organise et priorise toutes les informations intégrées au BIM… En d’autres termes, le format IFC a pour objectif d’assurer l’interopérabilité des données entre les logiciels de maquette numérique.

Un format universel et ouvert…

Initialement créé en 1997, le format IFC a connu de nombreuses évolutions. Depuis 2013, le format IFC4 est normalisé ISO 16739:2013. Cela garantit à la fois la qualité mais aussi l’universalité de ce format ouvert. Dans les faits, le format précédent, IFC 2×3, est encore très largement utilisé par les professionnels.

L’IFC semble donc désigné comme le format OpenBIM à retenir pour traiter et échanger des données BIM à travers le monde entier. De ce fait, les éditeurs de logiciels destinés aux professionnels du bâtiment intègrent de plus en plus ce format dans le but de partager les données avec les autres interlocuteurs. D’ailleurs, comme il s’agit d’un format ouvert et non propriétaire, l’IFC n’appartient pas spécialement à un éditeur plus qu’à un autre et reste donc une norme indépendante (en théorie). 

Mais contraignant dans certains contextes.

Si ce format présente des avantages certains, l’OpenBIM et le format IFC connaissent quelques limites. Malgré la reconnaissance de ce format à échelle mondiale, l’IFC n’est actuellement pas interprété correctement par les différents logiciels en amont, pendant ou après le chantier. 

Certains d’entre eux génèrent encore des erreurs de façon systématique, à l’import comme à l’export. La plupart de ces problèmes concernent les « attachements » entre objets. De ce fait, il n’est pas rare que, sur la maquette, les équipements appartenant à un même réseau soient déconnectés, à cause de la perte de données occasionnée. Les exports IFC successifs peuvent notamment être à l’origine de ce genre de bug.

Par ailleurs, l’utilisation actuelle du format IFC qui se caractérise par son côté statique n’en fait pas un format idéal pour faire vivre un projet BIM. Une fois exportées, les données restent figées et ne peuvent subir aucune modification, à l’image d’un fichier PDF pour un document texte. Néanmoins, certaines évolutions pourraient à l’avenir changer la donne (voir fin de l’article). 

Le Format IFC en exploitation

Si l’usage du format IFC présente l’avantage de pouvoir collaborer facilement avec tous les corps de métier tout au long du chantier, les fichiers IFC n’ont pas la même fiabilité que des formats natifs de logiciels propriétaires qui les ont créés. 

Pratique et reconnu par la majorité des professionnels, il peut aussi s’avérer plus complexe à utiliser dans certains cas, notamment en phase d’exploitation.

Un format non propriétaire universel

L’avantage le plus mis en avant pour défendre l’utilisation de l’IFC lors de l’exploitation du BIM reste son caractère universel. Comme il s’agit d’un format non propriétaire représentant une norme, les éditeurs de logiciel se voient dans l’obligation d’intégrer la possibilité d’importer et d’exporter des données IFC. Un outil ne permettant pas de le faire se verra automatiquement boudé par les professionnels.

Certains logiciels métier dédiés à l’exploitation tels que Facility management, GMAO ou encore IWMS, peuvent se connecter à des modèles BIM afin d’échanger les données, à la fois pour la lecture et l’écriture. Cependant, l’aspect statique actuel du format IFC ne convient pas réellement à son utilisation en phase d’exploitation. 

En effet, si les outils de GMAO intègrent le BIM, la modification de données lors de l’exploitation du bâtiment dans ces logiciels ne peut pas encore être renvoyée dans le modèle de base au format IFC sans avoir à en recréer un nouveau.
En d’autres termes, il n’est pas possible de mettre à jour le fichier d’origine automatiquement. Ainsi, il faut bien souvent exporter les données dans l’autre sens pour pouvoir les réintégrer dans le modèle BIM de base via un logiciel propriétaire pour ensuite le réexporter en IFC. Ces nombreux allers-retours et exports présentent plusieurs risques d’erreur et donc, de perte de données ainsi que des processus complexifiés et lourds à gérer en exploitation.

Une étape de conversion de données pas toujours utile en pratique

Les exports successifs et la conversion des fichiers au format IFC par certains logiciels peuvent générer une perte de données problématique, voire fatale. 

Par ailleurs, on connaît déjà quelques lacunes au format IFC qui n’assure pas toujours bien la liaison entre les différents objets et perd l’affection de certains matériaux par exemple. 

Face à ces problématiques, la meilleure solution reste d’utiliser un format propriétaire tout au long de la phase de conception, de construction puis d’exploitation, quand cela est possible évidemment. Le fichier peut ensuite être mis à jour directement par le logiciel de GMAO. Ainsi, il y a une communication bidirectionnelle qui évite toute manipulation humaine avec le risque d’erreur associé. Ceci permet d’avoir un vrai jumeau numérique qui évolue avec les outils métier utilisés en exploitation.

L’IFC constitue donc un excellent format d’archivage des données, mais n’est, de notre point de vue, pas la meilleure solution actuelle pour un usage en exploitation.

L’IFC en exploitation est-il perdu pour autant ?

Il est important de comprendre que si la situation actuelle est problématique dans beaucoup de cas, il existe de plus en plus de pistes encourageantes quant à une réelle possibilité d’utiliser l’IFC en exploitation dans l’avenir.

En effet, le développement continu de solutions OpenSource permettant de rendre l’IFC réellement dynamique tendent à changer la donne. Certains formats tels que IFC.js permettent de mettre à jour les données d’un modèle IFC sans nécessiter de nouvel export. Dans ce cas, l’IFC deviendrait un choix pertinent à l’exploitation.

Il est fort à parier que de plus en plus d’outils (y compris de modélisation) intègreront dans le futur ces nouveaux formats, porteurs d’une réelle interopérabilité et indépendance.

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